A l’occasion du deuxième anniversaire du Hub de Bpifrance, structure de mise en relation entre start-up et grands groupes, la Banque Publique d’Investissement dresse un bilan mitigé des prises de participation des grandes entreprises dans les start-up innovantes. Malgré la multiplication des investissements en 2016 grâce à l’application de la mesure de Corporate Venture, l’effort des grandes entreprises doit être poursuivit afin d’alimenter l’écosystème start-up français et faire éclore plus de licornes dans notre pays.

Aujourd’hui, les grandes entreprises restent encore frileuses face à une prise de participation dans le capital d’une start-up. Elles sont peu nombreuses à le faire, et le font de manière trop exceptionnelle. Quelques opérations emblématiques ont été conclues au cours des derniers mois et années, notamment l’entrée de Renault au capital de Devialet, ou encore celle d’Orange au capital de Wynd. Au total, les entreprises du SBF 120 (indice boursier de référence comprenant les groupes du CAC 40 + les 80 premières entreprises françaises parmi les 200 plus grosses capitalisations boursières) ont réalisé 40 acquisitions en 18 mois. A lui seul et sur le même temps, Google a pris part dans 70 entreprises. Pour Paul-François Fournier, directeur exécutif de l’innovation chez Bipfrance, les licornes françaises se développeront si les 120 plus grandes entreprises acquièrent au moins une start-up par an dans les années à venir.

La relation Corporate – Start-up est importante à plusieurs égards.

Pour les jeunes entreprises innovantes, l’intervention d’une grande entreprise représente un tremplin non seulement financier, mais également en terme de business, ouvrant les portes d’un réseau de clients, distributeurs, partenaires bien étoffé, ainsi qu’une image de marque permettant de propulser commercialement les produits et services développés. Pour les grands groupes, la prise de participation au capital de start-up permet de rester proche des foyers d’innovation et de bénéficier des nouvelles technologies et procédés pour améliorer leurs propres offres. Sans compter la proximité avec le terrain et le bénéfice de la souplesse d’organisation qu’ont les jeunes pousses.

Mais au-delà de ces avantages couramment avancés par tous les acteurs de l’écosystème entrepreneurial français, le financement des start-up par les grands groupes présente un intérêt important pour tout le secteur du capital-risque.

L’investissement dans une entreprise suppose de supporter un certain nombre de risques, qui sont d’autant plus pesants que l’entreprise en question est jeune et innovante. Un des risques principaux pour les investisseurs, en dehors de la possibilité de perde leur mise, concerne la liquidité des titres acquis. La liquidité d’un investissement correspond à la facilité de transformer les titres en cash. Pour cela, l’investisseur doit être en mesure de pouvoir vendre facilement ses parts, ce qui n’est pas le cas pour un investisseur au stade du capital-amorçage. Les actions des start-up sont peu liquides, ce qui refroidis de nombreux investisseurs au moment de prendre part, et préfèrent alors se tourner vers d’autres type d’actifs (actions cotées, d’entreprise en développement, obligations, …).

Le rôle des grands groupes peut être important à ce stade. En participant activement à l’investissement des start-up, ils enverraient un signal rassurant pour tous les investisseurs du capital-risque, ceux-ci identifiant alors plus facilement les acteurs qui pourront acquérir leurs titres. L’effet de levier peut être conséquent et supprimer un nombre de blocages importants chez des investisseurs encore frileux au moment d’apporter des fonds dans une start-up. Les start-up elles-mêmes pourront s’adresser à un nombre de financeurs plus important, en plus des réseaux de business angels, fonds d’investissement et plateforme de crowdequity.

Reste que l’évolution des mentalités vers l’acquisition de start-up plutôt que le développement en interne de l’innovation chez les grands groupes doit encore être faite. Aujourd’hui, les grandes entreprises allouent plus facilement de gros montants à leurs propres services de R&D que dans des start-up développant des produits ou services similaires.

Pour basculer vers une implication plus prononcée des grands groupes auprès des start-up et favoriser les opérations de financement, le Hub de Bpifrance prévoit d’ici à la fin de l’année d’ouvrir une plateforme de mises en relation, permettant aussi bien aux start-up qu’aux grands groupes d’identifier les partenaires potentiels plus facilement qu’aujourd’hui.

Pour rappel, les grands groupes bénéficient depuis fin 2016 d’un avantage fiscal lorsqu’ils investissent au capital d’une start-up. Concrètement, ils peuvent amortir sur 5 ans les actifs détenus au capital d’une start-up, ce qui leur permet comptablement de diminuer leur résultat imposable du montant équivalent à leur investissement. Pour en savoir plus sur cette mesure et son fonctionnement, rendez-vous dans notre guide dédié.

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