32% : c’est le pourcentage de femmes qui créent, reprennent ou dirigent des entreprises en France aujourd’hui. En la matière, notre pays accuse un retard certain parmi ses voisins occidentaux : aux États-Unis par exemple, 50% des chefs d’entreprise sont des femmes.

Comment expliquer un tel écart ?

« L’entrepreneuriat n’intéresse pas les femmes. » « Les femmes ne se voient pas entreprendre ou monter dans la hiérarchie par crainte de ne pas parvenir à concilier vie professionnelle et vie personnelle. » « Il y a des métiers d’hommes, et des métiers de femmes. » « Elles n’ont pas les épaules. »

Ces affirmations vous parlent ?

En France, elles font partie d’un socle de perceptions inconscientes liées au rôle de la femme dans la société. Mais ces perceptions sont-elles justifiées ? Décortiquons un à un les arguments sous-tendant ces préconceptions, afin d’approcher une vérité objective sur les freins à l’entrepreneuriat féminin.

Des préjugés tenaces

Idée reçue n°1 : Les femmes accordent une importance prépondérante à l’équilibre du foyer, et s’interdisent donc de se lancer dans des activités trop chronophages.

FAUX : Selon le baromètre 2012 de la Caisse d’Epargne sur les femmes entrepreneurs, la crainte de rompre l’équilibre familial arrive en 10e position des préoccupations au moment de la création d’une entreprise. En effet, seules 17% des femmes interrogées affirment en tenir compte dans leurs décisions professionnelles.

Et pour cause : les entreprises dirigées par des femmes en couple ont une pérennité supérieure de 3% à celles dirigées par des femmes seules.

Ainsi, concilier vie professionnelle et vie personnelle ne constitue pas le principal défi des femmes qui veulent entreprendre.

Idée reçue n°2 : L’entrepreneuriat n’attire pas les femmes.

FAUX : Selon le rapport du Centre d’Analyse Stratégique (CAS) réalisé en 2013 sur l’entrepreneuriat féminin, il y a autant de femmes que d’hommes qui considèrent l’entrepreneuriat comme un bon choix de carrière (70% dans les deux cas).

En revanche, en ce qui concerne le passage de l’intention à l’action, des barrières psychologiques semblent persister, car seules 6% de ces mêmes femmes prévoient de se lancer, contre 10,5% des hommes.

Idée reçue n°3 : Certains secteurs d’activité sont réservés aux femmes, d’autres aux hommes.

FAUX : S’il faut reconnaître que les femmes investissent traditionnellement davantage le secteur des services, on les retrouve de plus en plus nombreuses dans l’informatique, le numérique, l’ingénierie, la finance, la politique ou  l’industrie, à l’image de :

  • Clara Gaymard, présidente de General Electric France ;
  • Fleur Pellerin, ancienne Ministre déléguée aux PME, à l’innovation et à l’économie numérique et actuelle Ministre de la culture et de la communication
  • Céline Lazorthes, fondatrice du groupe Leetchi
  • ou encore Emmanuelle Legault, PDG de Cadiou Industrie et lauréate du Trophée de la Femme Entrepreneur de l’année 2014.

Ainsi, les femmes investissent de plus en plus les secteurs à forte valeur ajoutée, et le mouvement ne fait que s’amplifier.

Idée reçue n°4 : Les femmes n’ont pas les épaules pour manager une équipe.

FAUX : D’ordinaire, on reconnaît justement aux femmes un management plus participatif que les hommes, impliquant une plus grande transparence dans la prise de décision, et un meilleur sens du collectif.

Néanmoins, des travaux basés sur la perception des managers par leurs collaborateurs mettent en lumière une réalité asexuée du management. Les leaders, hommes ou femmes, partagent surtout et avant tout des qualités humaines fondamentales : le charisme, le courage et l’empathie.

Sortir des représentations

Alors que faire pour mettre un terme définitif à cette dichotomie sexuelle permanente ? Bien sûr, les mœurs et mentalités changeront avec le temps, mais certains éléments bien compris peuvent permettre d’accélérer le mouvement.

Hommes, offrez des opportunités aux femmes !

Le dernier baromètre 2015 de la Caisse d’Epargne sur les femmes entrepreneurs nous enseigne une information intéressante : femmes comme hommes ont principalement recours au crédit bancaire pour financer la création et le développement de leur entreprise, mais l’on peut regretter que le taux de rejet de crédit des femmes (4,3%) soit le double de celui des hommes (2,3%).

On peut attribuer ce constat en partie à des demandes de crédit globalement plus faibles pour les femmes, mais cela n’explique pas un écart du simple au double. Nous devons nous interroger sur cette réalité pour en tirer les enseignements adéquats.

Femmes, osez saisir vos opportunités !

Au premier rang des craintes invoquées par les femmes au moment de la création d’entreprise : la peur d’échouer ou de ne pas être à la hauteur.

« Les femmes doivent apprendre à ne pas se sous-estimer ! » souligne Alessandra Cocito, jeune entrepreneur, fondatrice de Find your CM.

Bien souvent, le poids des stéréotypes pèse sur l’image que les femmes ont d’elles-mêmes, et les empêche de s’imposer réellement dans le monde du travail.

Nous devons apprendre à dépasser nos propres inhibitions, à assumer notre goût du pouvoir ou du challenge, à oser valoriser notre charisme et nos qualités personnelles, et à cultiver nos réseaux, notamment en s’entourant de mentors et modèles féminins inspirants capables de nous impulser l’envie de nous dépasser au quotidien.

Ce n’est que par une reconnaissance collective de nos propres schémas intégrés que nous parviendrons à transformer fondamentalement notre société en intégrant pleinement le rôle positif des femmes dans la croissance économique et dans l’équilibre social.

Ecrit par Capucine Marteau le 19 Mai 2015

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