Le Corporate Venture français retrouve une dynamique incontestable ces dernières années. Les grands groupes s’étaient détournés des start-up suite à l’éclatement de la bulle internet au début des années 2000, échaudés par les nombreuses pertes engendrées à ce moment et l’incertitude qui a plané sur les marchés financiers et l’économie en général ces deux dernières décennies. Mais depuis quelques années, l’implication des grands groupes auprès des start-up redémarre. Les chiffres de l’année 2016 en attestent.

Le Corporate Venture Capital (CVC) désigne les investissements réalisés par les grandes entreprises et grands groupes au stade du capital-risque, c’est-à-dire dans de jeunes entreprises prometteuses et innovantes. Généralement, les prises de participation réalisées par le Corporate Venture restent minoritaires dans le capital des PME cibles. Le CVC fait partie des dispositifs que peuvent mettre en place les entreprises de grande taille pour rester en contact avec l’innovation. D’autres dispositifs existent tels que les programmes d’incubation et d’accélération, d’open innovation (programme d’innovation animés par et pour les employés de l’entreprise, choix de la Société Générale par exemple), et de partenariats avec des spécialistes de l’écosystème start-up.

Le gouvernement français entendait redynamiser l’implication des grandes entreprises françaises auprès des jeunes pousses françaises, notamment avec l’adoption de la mesure du Corporate Venture en septembre 2016. Cette mesure permet aux grands groupes d’amortir sur une durée de 5 ans le montant de leurs prises de participation au capital de start-up, ce qui permet, par conséquence comptable, de diminuer le résultat imposable sur 5 ans. Grâce à cette nouvelle loi, Bercy espère que le Corporate Venture français apportera environ 800 millions d’euros dans le capital de start-up en 2017.

Cette mesure devrait progressivement convaincre de plus en plus d’entreprises, de grande taille ou de taille intermédiaire, de financer les start-up françaises. L’apport de ressources financières est naturellement accompagné de ressources extra-financières telles que le réseau de clients, de distributeurs ou de talents, la notoriété des grands groupes, l’accès à des marchés plus importants et internationaux, etc.

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Et en effet, en quatre ans, le nombre de structures de CVC (Corporate Venture Capital) ont plus que doublé, passant de 61 à 131. En 2015, 40% des entreprises du CAC40 possédaient une activité de Corporate Venture, via un fonds d’investissement dédié ou par l’implication d’une équipe en interne spécifiquement consacrée à cette mission. Le plus important des fonds de venture capital de ces grands groupes est celui d’Axa, Axa Strategic Venture. Doté de plus de 230 millions d’euros, il s’agit du 24e fonds le plus actif au monde. Il est suivi par les fonds d’Airbus (150 millions d’euros), La Maif (125 millions), Engie et Air Liquide (100 millions). Le fonds de la Maif (Maif Avenir) se hisse d’ailleurs dans le top 5 des investisseurs les plus actifs en France en au second semestre 2016, avec le fonds de Corporate Venture du Crédit Agricole (respectivement 5e et 3e).

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Au total, 590 prises de participation par le Corporate Venture ont été recensées en France en 2016 (chiffres non exhaustifs recueillis par Le Hub de Bpifrance, structure d’accompagnement à la relation start-up – corporate), pour un montant cumulé de 2,7 milliards d’euros. Le nombre d’opérations et les montants levés ont plus que doublés par rapport à 2015 (295 prises de participation par des Corporate pour 1,5 milliards d’euros). Parmi les 10 plus grandes levées de fonds de l’année dernière, 6 incluaient un fonds de Corporate Venture (Air Liquide a pris des participations dans Sigfox, Orange dans Deezer et Wynd, Renault dans Devialet, SNCF dans Navy et Via ID dans Drivy).

Seulement, ces chiffres sont encore loin des niveaux observés aux Etats-Unis, où sur le seul premier semestre 2016, 8,7 milliards d’euros investis dans les start-up sont provenus de fonds Corporate. 5% des opérations d’investissement au capital de start-up comprennent des fonds Corporate, contre 16% aux Etats-Unis, et finalement près d’un tiers des fonds investis en France par des CVC proviennent de grands groupes américains.

Les fonds français ont pourtant un rôle important à jouer dans le financement de l’innovation française, et un profit à tirer de leurs prises de participation grâce à la souplesse et l’agilité des petites structures innovantes. Il faut espérer que la mesure prise par le gouvernement en septembre dernier suscite les investissements des grands groupes et ETI françaises dans les jeunes pousses françaises.

 

Les start-up éligibles à la mesure Corporate Venture chez Sowefund

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