En 2016, seulement 8% des startups en France étaient créées ou dirigées par des femmes. Le monde de la start-up, synonyme de modernité, semble suivre la même tendance inégalitaire que les entreprises traditionnelles. En effet, les femmes sont également très largement sous-représentées au niveau des levées de fonds : les start-ups dirigées par des femmes ont levé 126,6 millions d’euros en 2016. Un chiffre en hausse depuis 2015 (+85%), toutefois cela ne représente que 7% du montant total levé par les start-ups (d’après le baromètre 2017 réalisé par l’association StartHer avec KPMG). Les femmes ne parviennent pas à rattraper les hommes malgré une hausse des fonds levés, car leur progression est moins rapide que celle du marché global.

Cet écart réside principalement dans le fait que le ticket moyen féminin est nettement plus faible que celui masculin : en moyenne les startuppeuses lèvent moitié moins que les startuppeurs (1,8 millions d’euros pour les femmes contre 3,5 millions d’euros pour les hommes). Les femmes semblent donc limiter la taille de leur tour de financement par rapport à celui des hommes, volontairement ou non.

La représentation des femmes varie également selon le secteur de la start-up

Les startuppeuses sont surreprésentées dans le e-commerce (près de 60% des fonds féminins levés en 2016 concernent ce secteur !), ce qui peut être expliqué par la surreprésentation des femmes dans les écoles de commerce. A contrario, aucune startuppeuse n’a levé de fonds dans le secteur des matériaux, matières premières et de l’énergie. Les femmes jouent tout de même un rôle dans le domaine scientifique : parmi les levées féminines, 17% concernent le secteur de l’électronique-informatique et 13% celui des biotechs.

Le sexisme chez les start-ups est-il un phénomène inéluctable ?

Un véritable réseau féminin s’est bâti afin de lutter contre les inégalités entre sexes. Les startuppeuses peuvent compter sur le soutien d’associations, telle que StartHer dont l’objectif principal est la mise en valeur de femmes travaillant dans le domaine des nouvelles technologies. Les femmes obtiennent alors davantage de visibilité et légitimité. Du côté des entrepreneuses, des incubateurs girl power permettent également de rompre les barrières à l’innovation féminine. L’incubateur Paris Pionnières (créé en 2005) a ainsi permis le développement de 200 start-ups dans lesquelles au moins une femme fait partie de l’équipe dirigeante. Du côté des investisseurs, les Business Angels s’organisent également. Par exemple, Femmes Business Angels réunit plus d’une centaine de femmes qui investissent personnellement et accompagnent les startups à potentiel, c’est l’acteur qui a le plus investi en 2016 dans les start-ups féminines. Plusieurs évènements font la promotion de l’importance des femmes dans l’entreprenariat. Par exemple, la Journée de la femme digitale célèbre l’innovation au féminin et l’importance des femmes dans la vie économique.

Les femmes semblent également se tourner vers des modes de financement alternatifs pour obtenir leurs fonds. Le crowdfunding leur permet ainsi de se financer plus facilement : en effet ce financement participatif s’adresse à tous types de profils d’investisseurs, diminuant alors les comportements genrés.

En 2017, 2 plateformes de crowdequity se placent dans le top 5 des investisseurs soutenant les projets féminins. Sowefund est la plateforme de financement participatif qui a le plus investi dans les start-ups féminines : 60% de ses tours de financement concernent des entreprises dirigées par des femmes. Vous pouvez retrouver les fondatrices de Lunii, Leka et Mon Animal Privéqui ont toutes fait campagne sur Sowefund !

Un avenir meilleur semble s’ouvrir pour les start-ups féminines… Toutefois seulement 3 d’entre-elles ont levé plus de 10 millions d’euros : le service de livraison de repas à domicile Frichti (12 millions), le logiciel dédié à l’expérience client Splio (11 millions) et la plateforme d’e-commerce Afrimarket (10 millions). Le chemin est encore long avant d’atteindre la parité !

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