Imaginez une compétition de startups, où les entrepreneurs s’affrontent pour convaincre des investisseurs de financer leur projet. Ajoutez à cela un truck (un camion, vous l’aurez compris, mais on préfère clarifier ça pour tout le monde dès maintenant) qui sillonne les rues de France et de Belgique, et vous obtenez le Fundtruck !
Le Fundtruck voit le jour en 2015 à l’initiative de Sowefund, plateforme d’investissement participatif (c’est nous 🙋). Le principe est simple : des startups ont quelques minutes à bord de notre truck pour pitcher leur projet devant des professionnels de l’investissement.
Comme le Fundtruck ne s’est pas fait en un jour, on a enquêté auprès des trois fondateurs de Sowefund, Georges Viglietti, Benjamin Wattinne et Jean-Philippe Leflot, pour vous raconter son histoire, sans censure (ou presque). Spoiler alert : Georges a réussi à planter le camion dès la première édition. Ça promet.
P.S. : si vous ne savez pas qui sont Georges Viglietti, Benjamin Wattinne et Jean-Philippe Leflot, rendez-vous ici pour ne pas être perdu à chaque fois qu’on va les citer.
“Si les investisseurs ne voulaient pas venir à nous, on allait venir à eux”
On est en 2014. Sowefund vient tout juste de voir le jour et nos trois fondateurs cherchent l’idée de génie qui leur permettra de développer leur business tout en faisant ce qu’ils font de mieux : aider de jeunes entreprises à lever des fonds.
Organiser un concours de startups devant des investisseurs, pourquoi pas, mais rien de bien nouveau là-dedans. Il fallait trouver une idée originale et casser les codes. Faire un truc un peu fun quoi. Et puis ce n’est pas toujours simple de faire se déplacer des investisseurs. Alors s’ils ne voulaient pas venir à nous, on allait venir à eux.
“On s’était donné une deadline pour trouver une idée, sinon on laissait tomber. Je suis parti à Taiwan pour les fiançailles d’un ami, et j’ai reçu ce message de Jean Philippe : “On va créer un Fundtruck.”
Georges
L’illumination vient alors que Georges est en vacances à l’autre bout du monde. Il suffit d’un simple message de ses associés pour le convaincre : “On va créer un Fundtruck”. Au début, ça partait d’un jeu de mot. Mais la blague fait mouche.
Un savant mélange de la mode des food trucks et du concept d’origine du roadshow (qui consiste à aller pitcher son idée de porte en porte pour trouver des financements), et on y est. Enfin presque.
La première et dernière fois que Georges a conduit le camion
C’est parti pour les premières éditions du Fundtruck. Au début, nos chers fondateurs se débrouillent avec les moyens du bord, en plus de leur activité principale chez Sowefund.
Pendant trois ans, le concours se déroule uniquement à Paris, pendant 5 jours, et les startups font un véritable roadshow pour pitcher leur projet toute la journée devant différents fonds d’investissement. Elles sont accompagnées par des mentors qui les coachent pour améliorer leur discours, comme Céline Lazorthes, fondatrice de Leetchi, Pierre-Henri Deballon, fondateur de Weezevent ou Xavier Court, cofondateur de Veepee.
On amène les entrepreneurs directement à la porte des investisseurs, et que le meilleur gagne. Le Fundtruck passe par la République, Bastille, Saint-Augustin, on écume Paris, on galère à obtenir des autorisations…
Les fondateurs de Sowefund activent leur réseau, sollicitent toutes leurs connaissances et se débrouillent pour faire descendre des fonds d’investissement dans la rue pour écouter les entrepreneurs. Rien que ça. Imaginez des pointures de Paris Business Angels, Demeter, Investir&+ ou BPI Digital Venture en costard sur des chaises pliantes, sur le trottoir devant un camion.
Au début, ça fait un peu bizarre à tout le monde, et puis on s’y fait. On passe même un bon moment, c’est détendu et ça plait. Et ce n’est que le début.
La légende dit que c’est à peu près à ce moment-là que Georges à planté le camion, la toute première année du Fundtruck, en voulant le conduire lui-même.
“C’était la première et la dernière fois…”
Georges
De la place pour tout le monde, y compris pour les Belges
Après quelques éditions et un engouement encourageant à Paris, le Fundtruck prend la route direction Bordeaux, Lille, Nantes ou même Lyon. Le succès est aussi au rendez-vous en Région : les collectivités et différents acteurs de l’écosystème nous sollicitent partout en France pour organiser des étapes sur leur territoire. C’est la région des Hauts-de-France qui nous a demandé en premier d’organiser des étapes dans différentes villes. Et on est toujours aussi ravis d’y revenir chaque année depuis !
C’est comme ça que le Fundtruck est devenu un roadshow national et qu’on est passé d’un enchaînement de pitchs à une seule présentation par entrepreneur, pour faire de la place pour tout le monde. Comme on voyageait dans toute la France, le format a dû évoluer.
On a même fini par rendre visite à nos voisins Belges, qui ont aussi adoré le concept. Bon, pas sûr qu’ils aient été ravis de nous accueillir après la défaite de 2018… Mais sans rancune ⚽ 🏆
Alors bon, dit comme ça, ça a l’air simple. Mais c’était sans compter les (nombreuses) galères, comme, une panne d’essence du camion après une étape devant le ministère des Finances, ou encore l’équipe entière (et le truck) bloquée dans une manif entre deux étapes. Mais après beaucoup d’énergie, d’envie et de motivation pour faire bouger tout ce petit monde, nous voici arrivés en 2023 pour la 9e édition du Fundtruck !
La vie, c’est d’abord des rencontres
Aujourd’hui, le Fundtruck est devenu un événement incontournable dans le secteur. On a réussi à remettre l’humain au cœur du processus d’investissement, à privilégier la rencontre à l’analyse des chiffres. Et ça, c’est ce qu’on voulait.
Si on dresse un petit bilan de ces belles années, on a traversé 2 pays, 8 régions et 30 villes en 210 étapes. Au total, on a analysé 2000 candidatures, écouté 550 pitch et réuni 1250 jurés !
“Le Fundtruck, c’est un découvreur de talents ! C’est encore et toujours un des rares événements qui se déplace. Son rôle, c’est d’amener l’événementiel et les entrepreneurs à des endroits où ils n’ont pas l’habitude d’aller.”
Jean-Philippe
Les success stories sont nombreuses et nous poussent à aller encore plus loin. Vous reconnaîtrez peut-être Lunii parmi les finalistes du Fundtruck (mais si, vous savez, la petite boîte qui raconte des histoires aux enfants), Phénix (des solutions pour lutter contre le gaspillage alimentaire) ou Mini Green Power (une technologie pour transformer des résidus végétaux). Le plus beau, c’est que des projets découverts grâce au Fundtruck ont même fini par lever des fonds sur Sowefund.
“Maintenant, le challenge, ça va être de continuer à se renouveler. Il faut trouver un nouveau twist, de nouvelles régions, de nouveaux pays pourquoi pas !”
Jean-Philippe
En attendant l’idée de génie, on travaille dur à la préparation de l’édition 2023 alors stay tuned via nos réseaux sociaux pour ne rien louper !