Comme chaque semaine sur le blog de Sowefund, nous vous proposons de découvrir les startups françaises à succès qui s’apprêtent à bouleverser leur marché! Et la startup de la semaine est … Ornikar !

Ornikar, un nom qui reste en tête pour une startup opiniâtre qui entend bien s’attaquer au marché ultra réglementé des autos-écoles. Fin 2013, Alexandre Chartier et Benjamin Gaignault se lancent dans une aventure qui allait les mener entre autres à remporter une douzaine de prix, faire la une des journaux français, visiter le ministère de l’intérieur (et pas pour prendre des photos!) et enfin… à se rendre au tribunal. Le concept est le suivant : dématérialiser les auto-écoles pour rendre les examens du code de la route et du permis de conduire plus accessibles. Si chercher querelle aux monopoles semble d’actualité, Ornikar nous montre que ce n’est pas une fin en soi, l’objectif est bien d’apporter des solutions.

Un constat déprimant….

Voilà à peu près le tableau : un jour vous décidez qu’il est temps de passer le fameux permis de conduire, vous vous rendez donc dans une auto-école où quelqu’un vous reçoit en vous annonçant que « c’est 1600€ la formule code + 20 heures de conduite ». Pas trop le choix, vous signez. Alors on vous tend une télécommande et c’est parti pour des mois de diapositives dans une petite salle sombre.
Une fois le code obtenu, il est temps de passer à la conduite. Votre numéro favori devient alors celui de la secrétaire de l’auto-école qui vous appelle régulièrement pour vous dire que « la leçon est reportée à la semaine prochaine », « le cours de conduite est avancé d’une heure » ou encore « ça te dérange de venir à 8h au lieu de 16h? ».

Ça y est vous obtenez le permis de conduire! Durée totale de l’opération: 2 ans et demi pour 1900€ dépensés (et oui, 20h de conduite ça ne suffit pas et vous avez raté le code 2 fois, sans parler des délais d’attente pour passer chaque examen.)

Et ça marche comme ça depuis presque 100 ans. Alors certes, la plupart des auto-écoles proposent des entrainements au code en ligne, la possibilité de prendre des heures de conduite ailleurs que chez soi mais le verdict est le même pour tous : c’est trop long, c’est trop cher et ce n’est pas pratique. Et ce constat, les 1 300 000 candidats annuels, Alexandre Chartier et Benjamin Gaignault ne sont pas les seuls à le faire. En effet, depuis Septembre 2013, le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve planche sur « la réforme du permis de conduire » qui a pour but, comme Ornikar, de rendre le permis plus accessible.

Mais comment fait donc Ornikar ?

« Diviser le prix du permis de conduire par 2 » c’est ce que nous promet la startup française : 35 euros environ l’heure de conduite contre plus de 50 dans les auto-écoles traditionnelles, l’examen du code et sa préparation pour moins de 50 euros. Comment afficher des tarifs aussi bas ? Ce n’est pas si compliqué en réalité.

Premièrement, Ornikar relaie une information dont peu de gens ont conscience : l’inscription aux deux examens en candidat libre est totalement gratuite. On n’a donc pas à payer de frais de dossiers comme dans les auto-écoles en gérant soi-même son inscription (l’entreprise accompagne et conseil l’utilisateur dans ses démarches).

Ensuite, une auto-école est un lieu qui génère beaucoup de frais fixes et de coûts logistiques juste pour faire le relai entre le candidat & le moniteur et proposer des entraînement au code via les diapositives dont on parlait un peu plus haut. Pour Ornikar, l’idée est de supprimer cet intermédiaire onéreux que constitue le local en dématérialisant tout le système. Déjà, on se dit que le permis de conduire concerne en majorité les jeunes, qui ont très largement intégré le digital à leur quotidien. C’est donc logique de passer par le numérique pour moderniser le permis de conduite : on peut ainsi s’entraîner, réserver et gérer ses heures de conduite directement sur la plateforme auprès de moniteurs indépendants.

C’est là l’autre point fort d’Ornikar : l’entreprise a constitué un réseau de plus de 500 moniteurs indépendants (diplômés, on précise) disposant de véhicules adaptés. De cette manière, l’apprenant pourra contacter directement son professeur via une application et laisser un avis sur ce dernier. Un fonctionnement simple pour un maillage du territoire optimal qui promet de résoudre bien des problèmes.

Niveau rémunération, l’entreprise compte déjà sur toutes les économies citées précédemment et sur une commission de l’ordre de 25% prélevée sur les heures de conduite bientôt disponibles. Au vu de l’énorme demande sur le marché français et de l’enthousiasme suscité, on ne doute pas que l’entreprise présente des perspectives financières intéressantes.

Le code de la route a un juste prix
Simplement et non sans humour, Ornikar vous explique son offre sur son site internet.

La lumière au bout du tunnel

Oui mais voilà, tout n’est pas aussi facile lorsque l’on s’attaque à un marché aussi fermé. A peine la startup lancée, elle attire l’attention des syndicats de la profession qui n’accueillent pas franchement les nouveaux venus avec tendresse. En juin 2014, les syndicats demandent au tribunal de commerce de Paris la fermeture pure et simple du site internet pour « exercice illégal de l’enseignement de la conduite ».

Par ailleurs, les jeunes dirigeants de la startup ont bien prévenu qu’ils n’agiraient pas sans obtenir l’agrément d’auto-école. Et ils ont tout mis en œuvre pour l’obtenir:  ils ont investi dans un local commercial nécessaire pour l’obtention du précieux sésame, recruté un enseignant (…) et malgré tous leurs efforts pour présenter un dossier complet, leur demande s’est vu rejetée plusieurs fois, la faute à des syndicats quasi lobbyistes qui font pression sur l’administration pour garder ce marché fermé.

Finalement, la justice avait donné raison à Ornikar dans le dossier en leur sommant simplement de supprimer leurs tarifs du site internet. Il faut aussi dire que le gouvernement va dans le même sens que la jeune société en voulant réformer ce système notamment au niveau des délais d’attente sur lesquels Ornikar ne peut de toute manière pas agir. Les nombreux prix gagnés, le soutien de grands entrepreneurs et l’engouement du public ne font que confirmer qu’Ornikar a de l’avenir en France, et peut-être même en Europe.

Tableau comparatif des prix des permis européens
Les norvégiens attendent l’arrivée d’Ornikar avec impatience !

Et si le parallèle avec Uber semble tout trouvé, il convient tout de même de bien différencier les deux cas : Ornikar respecte les mêmes obligations que les auto-écoles traditionnelles et on ne peut rien leur reprocher de ce côté là. Seul le fonctionnement du service est différent, plus attractif, plus simple, plus moderne.

Après ce long et difficile parcours pour obtenir gain de cause, la société annonce enfin le début de son offre d’apprentissage de la conduite sur Nantes dès le mois d’août 2015 (ce mois-ci en fait..!)

Bonne chance donc à Ornikar dont le projet est plein de promesses !

 

 

 

 

 

 

 

 

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