TOUT D’ABORD, POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER À CEUX QUI NE VOUS CONNAISSENT PAS ? QUI SE CACHE DERRIÈRE QOTTO ?

Jean-Baptiste : Fabrice et moi, nous nous connaissons depuis plus de 20 ans. 

Nous nous sommes rencontrés en jouant au Rugby. Jouer ensemble, gagner, perdre et se relever, repartir, ça nous a permis de savoir affronter ensemble les obstacles en s’appuyant sur notre complémentarité.
Après 20 ans d’expérience chacun de notre côté, nous avons décidé il y a sept ans de mettre en commun nos compétences en technologie, commerce et finance, nos expériences en management en Europe et en Afrique et nos envies d’entreprendre et d’avoir un impact positif. Nous avons tous les deux un parcours qui commence par la technique dans les télécoms puis nous avons bifurqué, Fabrice en finance, et moi en direction commerciale et en humanitaire. 

Après quelques années chacun à des postes de direction, nous avons eu envie d’entreprendre.
Qui se cache derrière Qotto ? Chez Qotto nous sommes maintenant près de 300 collaboratrices et collaborateurs, au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et en France. Toutes et tous, nous avons la volonté de montrer que le modèle d’entreprise à impact que nous développons est rentable et durable. Nous pensons que c’est d’ailleurs le modèle d’avenir des entreprises. 

NAPOLÉON HILL DISAIT, “TOUTES LES RÉALISATIONS, TOUTES LES RICHESSES ACQUISES ONT DÉBUTÉ AVEC UNE IDÉE”. ET VOUS, COMMENT VOUS EST VENUE L’IDÉE DE QOTTO?

Jean-Baptiste : Gandhi a dit “Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde” et Jacques a dit “Just Do it”. Plus sérieusement, l’idée est le fruit de plusieurs prises de conscience au cours de mes expériences dans les télécommunications, dans l’humanitaire et en Afrique.
En 1993, Je construisais une école à 40 km de Ouagadougou au Burkina Faso. Il n’y avait pas d’accès à l’électricité ni au téléphone. Ça m’a marqué. J’ai réalisé que, sorti des grandes villes, il n’y avait pas d’accès aux services essentiels. Seulement 10 ans plus tard, en 2003, quand je suis arrivé au Kenya pour Action contre la Faim, tout d’un coup tout le monde avait un téléphone mobile ! Le saut technologique avait changé la vie des gens. Je me suis dit qu’il serait sans doute possible de résoudre d’autres problèmes d’accès avec la technologie.

Fabrice : Nous avons tous les deux constaté d’une part que le monde de l’Énergie vivait la même décentralisation que celle que nous avons connue dans les Télécoms dans les années 2000 et d’autre part que la demande pour des systèmes solaires domestiques explosait en Afrique de l’Est.

Associer le solaire, l’efficacité énergétique, la mobile money et les objets communicants nous permet de créer des micro infrastructures capables de fournir les services essentiels n’importe où à moindre coûts.  Nous avons logiquement associé ces idées pour créer un produit combinant nos multiples expériences.

Qotto

À QUOI RESSEMBLE VOTRE JOURNÉE TYPE ?

Jean-Baptiste : Depuis 4 ans, nos journées ont beaucoup évolué. Il y a quatre ans, nous pouvions faire le grand écart dans la journée : la commencer par un trajet à moto pour aller sur le terrain avec les équipes de vente et la finir dans le bureau devant un ordi pour répondre à un dossier de financement.
Aujourd’hui, Qotto est beaucoup plus structurée et ma journée type est beaucoup plus rythmée par des échanges avec nos équipes de management, sur les offres, sur les financements, sur notre impact, sur nos relations avec nos partenaires. Et parfois j’ai la joie de retourner sur le terrain.

Fabrice : Je rajoute au tableau de Jean-Baptiste mes échanges quasiment tous les matins avec nos correspondants en Chine pour la gestion des fournisseurs de matériel.

QU’EST CE QUI VOUS A POUSSÉ À CHOISIR LA VOIE DE L’ENTREPRENEURIAT ?

Jean-Baptiste : La problématique à laquelle Qotto répond concerne des centaines de millions de personnes. L’enjeu est colossal. Néanmoins, je ne trouvais pas d’entreprise qui faisait ce que fait Qotto aujourd’hui. Je suis arrivé à la conclusion qu’il fallait le faire moi-même. Il me manquait un associé qui soit complémentaire. Lorsqu’on en a parlé avec Fabrice, c’était clair que nous serions une équipe solide avec les compétences et les valeurs nécessaires à relever le défi. 

Fabrice : J’ai passé plusieurs années comme investisseur à interagir avec des patrons d’entreprises ou des entrepreneurs, et au bout d’un moment j’ai eu le sentiment qu’ils permettaient vraiment de faire avancer les choses, tandis que mon rôle d’investisseur se limitait à les aider. J’ai ressenti le besoin de passer de l’autre côté et d’agir.

QUEL(S) CONSEILS DONNERIEZ-VOUS À UN FUTUR ENTREPRENEUR ?

Jean-Baptiste : On me pose souvent cette question. Je trouve qu’il est de plus en plus difficile d’y répondre car ce serait assez prétentieux de donner des conseils. Aussi, j’ai plutôt envie d’encourager. Je dirais, ose ! Et n’abandonne pas ! Les difficultés vont se présenter, c’est normal et avec une bonne équipe, ça va aller. 

Chez Qotto, l’équipe est fondamentale. C’est l’équipe et sa dynamique qui nous permet d’avancer et d’en être là où nous en sommes. 

Fabrice : L’une des principales difficultés est qu’il faut à la fois être à l’écoute de toutes les parties prenantes… et savoir ne pas écouter pour continuer dans son idée qu’on est parfois seul à défendre (en tous cas un moment). La résilience est essentielle. Et il faut donc se préparer en s’entourant de gens bienveillants, et considérer que c’est un marathon, pas un sprint, donc prendre le temps de souffler de temps en temps.

Je rajouterais peut-être, d’autant plus que c’est Jean-Baptiste qui me l’a appris, qu’il faut savoir fêter les moments où on a atteint un objectif, parce qu’on passe immédiatement aux problèmes suivants ! 

POURQUOI AVOIR CHOISI L’INVESTISSEMENT PARTICIPATIF POUR DÉVELOPPER QOTTO ?

Jean-Baptiste : Depuis que nous avons lancé Qotto, de nombreuses personnes souhaitent participer à l’aventure, nous aider, nous accompagner. L’un des moyens pour “prendre part” à cette aventure est de nous permettre de financer notre développement en devenant actionnaire.
Nous avions déjà lancé une campagne avec Sowefund il y a 3 ans. Ça nous a permis de nous faire connaître auprès de pas mal de personnes. Certaines n’avaient pas pu investir et me demandaient régulièrement si nous allions réouvrir le capital à notre communauté.
C’est aussi la possibilité de faire connaître Qotto comme une expérience entrepreneuriale durable qui marche !

QUELS SONT VOS PROCHAINS DÉFIS/VOEUX POUR CES PROCHAINES ANNÉES ?

Jean-Baptiste : Poursuivre le développement de Qotto dans les filiales existantes. Ouvrir 2 nouveaux pays. Avoir d’ici 2027, 1 million de personnes électrifiées par nos systèmes. 

Fabrice : Et atteindre d’ici là un modèle profitable qui s’autofinance pour assurer la pérennité de ce que nous avons construit.

POUR FINIR, QUELLE EST VOTRE PHILOSOPHIE DE VIE EN 3 MOTS ?

Jean-Baptiste : Un seul : “If” de Rudyard Kipling.

Fabrice : J’essaye de suivre “The obstacle is the way”.