Qui n’a pas entendu parler du Fyre Festival ? Considéré comme l’une des plus grandes arnaques de notre siècle, le festival organisé par l’entrepreneur américain Billy McFarland et le rappeur Ja Rule, devait être l’événement incontournable de l’année 2017. Luxe, sable blanc et eau turquoise, artistes de renom, n’aura finalement été qu’un échec cuisant. Après avoir été remis sur le devant de la scène suite au reportage sur Netflix , retour sur les erreurs à ne surtout pas commettre lorsqu’on lance son projet. Que ce soit un événement ou une entreprise …

NE PAS COMMUNIQUER AVANT DE CONNAÎTRE LA FAISABILITÉ DE SON PROJET

Vendre du rêve. C’était l’objectif premier de Billy McFarland lorsqu’il a lancé une incroyable campagne promotionnelle sur les réseaux sociaux. Vidéos, posts Instagram & Twitter, influenceurs et mannequins, tous les ingrédients étaient réunis pour attirer médias, publics et investisseurs.

Après 4 jours passés sur une île paradisiaque des Bahamas, entourés des mannequins et influenceuses les plus en vogue du moment, les fondateurs du Fyre Festival ont donc communiqué en masse, via une vidéo promotionnelle idyllique montrant brièvement à quoi aller ressembler l’événement.

On ne peut que l’avouer, quoi de mieux que les réseaux sociaux pour vendre son projet de manière esthétique et faire parler de soi à travers textes et images ?

Oui mais voilà, embellir la réalité peut rapidement s’avérer dévastateur …

Utiliser le teasing lors de sa campagne de communication ? Oui, mais à petite dose et à bon escient.

L’objectif premier sur ce type de communication, c’est bien évidemment de faire parler de son projet, de ses ambitions et de susciter l’intérêt de sa communauté pour son produit ou son service, en profitant de la puissance incontournable d’internet.

Un bon teasing permet donc, même avec un petit budget, de transformer la curiosité de la communauté en intérêt et l’intérêt en achat.
Il permet également de se démarquer des marques concurrentes sur le marché grâce à un contenu original, accrocheur, parfois même énigmatique.

Mais il faut tout de même garder en tête que c’est une stratégie qui se prépare.

Tout est une question de degrés, il faut donc teaser en fonction de l’importance de son sujet, être sur de ce que l’on va pouvoir promettre, au risque de reproduire la même erreur que le Fyre Festival et de créer de la déception et une mauvaise image de marque …

ÉVALUER LES COÛTS QU’UN PROJET PEUT ENGENDRER

Le succès viral de leur campagne de communication aidant, les 5 000 billets pour le Fyre Festival (entre 365€ et 11 000€ la place) se sont vendus en 2h seulement.
Pour cette « modique » somme, les promesses étaient donc nombreuses : une arrivée en jet privé depuis Miami, des logements luxueux dans des villas de rêves, un traiteur de renom international …

Malgré ces bénéfices engendrés, les fondateurs du festival ont fait une deuxième erreur : proposer des prestations avant même d’avoir évalué les coûts d’une telle réalisation.

Résultat des courses : une fois sur place, les festivaliers ont été hébergés dans des tentes de secours vétustes avec pour seul encas des sandwichs de supermarché. Sans compter que les personnes employées et qui ont travaillé jour et nuit sur l’événement n’ont pour la plupart jamais été payées …

Préparer un budget prévisionnel pour évaluer son projet

Il est donc primordial lorsque l’on lance son projet d’anticiper les recettes mais aussi les dépenses et d’établir un budget prévisionnel permettant de vérifier le budget nécessaire et les fonds suffisants pour proposer un projet viable et rentable.

Le budget prévisionnel doit en mesurer les dépenses et investissement au plus juste, tout en prévoyant une marge de sécurité confortable pour pouvoir faire face à l’imprévu. Si l’achat de matériel, le paiement des salaires et les frais de communication et publicité sont des dépenses qui vont de soi, il arrive d’oublier des postes pourtant non négligeables tels que les frais de déplacement ou les services juridiques (on pense à nos amis du Fyre Festival …), par exemple.

Le budget prévisionnel se veut par nature pessimiste, et le mieux est de prévoir en parallèle différents scenarii, en se posant les bonnes questions : vers qui se tourner si mon fournisseur fait défaut ? Ai-je bien évalué la capacité de mes clients à me payer ? Dois-je faire certifier mon produit avant de le vendre ? Quels leviers de financement puis-je rapidement activer si je suis en manque de trésorerie ? Et combien tout ceci pourrait me coûter ?

Enfin, s’il est essentiel de faire les estimations des recettes que la vente du produit ou du service va engendrer, il est souvent indispensable mais toujours risqué de compter sur celles-ci pour financer ce même produit ou service.
Le chiffre d’affaires devient une source sûre d’(auto-)financement à partir du moment où l’activité atteint un bon rythme de croisière ; avant, c’est incertain.

SAVOIR ÉCOUTER LES CONSEILS DE SON ENTOURAGE ET DES PROFESSIONNELS

Les témoignages lors de la réalisation du reportage Netflix ne manquent pas. Anciens employés, entourage proche, prestataires, tous finissent par avouer qu’à un certain stade, plus ou moins avancé de la mise en place de l’événement, ils ont émis doutes et réserves sur la faisabilité du festival. Mais les organisateurs n’ont rien voulu entendre et ont continué coûte que coûte, prônant le « Restez positif et trouvez des solutions ». Plusieurs proches leurs avaient pourtant conseillé d’annuler et de rembourser les festivaliers avant le début de l’événement.

Ne jamais sous estimer l’avis des autres

Lorsque l’on souhaite concrétiser son projet, il est important de ne pas brûler les étapes. À commencer par sonder son entourage. C’est la première source de clients potentiels.
L’idée semble prendre ? Parfait.

Il faut alors commencer à s’entourer de quelques professionnels de son marché et de spécialistes du secteur. Ils seront ainsi les premiers à mettre le doigt sur les quelques discordances que peut comporter le projet. Il s’agit là de bien s’entourer et de surtout écouter. Le temps précieux et l’expérience partagée est toujours bonne à prendre pour aller dans la bonne direction.

Lors du développement et la mise en place d’un projet, il peut arriver de prendre de mauvaises décisions, d’être persuadé de son idée sans vouloir en changer.
C’est là toute la difficulté et la maturité que requiert d’être entrepreneur. Il ne faut donc pas hésiter à changer de cap, et bon nombre d’entrepreneurs vous le diront (voir l’interview de Pierre Blanchard, co-fondateur de docadom et de Grégoire Saint-Cast fondateur de IVA Drones), écouter les conseils c’est primordial pour réussir !

UNE TRANSPARENCE TOUJOURS DE MISE AVEC SES INVESTISSEURS

Monter un projet d’une telle envergure demande forcément de l’argent, et dans le cas du Fyre Festival, vraiment beaucoup d’argent. Ce n’est pas tout d’avoir vendu du rêve sur les réseaux sociaux à coup de plages paradisiaques et de mannequins en bikini, il a fallu ensuite trouver les fonds nécessaires à la réalisation.Et la vente des billets en amont n’était pas suffisante pour mettre en place un événement d’une telle envergure.

Grâce à son bagout et son pitch bien ficelé (Oui oui, chez Sowefund aussi on a étudié le pitch deck …), nombre d’investisseurs n’ont pas hésité une seule seconde à placer des millions de dollars dans ce projet. Le résultat ? Une première levée de fonds de plus de 30 millions d’euros !

Seulement voilà, comme nous l’avons dit un peu plus haut, évaluer les coûts de son projet évite bien des tracas … La vente des billets et la levée de fonds n’ont malheureusement pas suffit à couvrir un projet aussi ambitieux que le Fyre Festival, ni les pulsions de flambeur de son fondateur. Rouler en Maserati et passer sa journée à boire et faire du jetski sur une plage des Bahamas, en pensant que 6 semaines suffiront à construire des villas de luxes et toute la structure d’un festival, quelle idée !

C’est à ce moment là, une fois mis devant le fait accompli et les déficits qui ne faisaient que de s’accroître, que Billy McFarland a continué de tromper son monde. Déjà voué au désastre, il a de nouveau fait appel à ses investisseurs pour renflouer ses caisses, sans les tenir informés de l’état des comptes actuel.

Une levée de fonds oui, mais pas au hasard

Premier conseil à retenir donc, afin de ne pas avoir le couteau sous la gorge, il est plus judicieux de lancer la recherche de fonds avant d’en avoir réellement besoin et de compter sur un minimum de trésorerie pour avancer avant la clôture de son tour de table. Faire une levée de fonds est une source de développement, et pas seulement de réparation.

Pour attirer les bons investisseurs, un projet doit être capable de prouver sa faisabilité et sa scalabilité. A travers des chiffres, des témoignages, des études, ou tout simplement des soutiens de professionnels du secteur, il est important de présenter autant le concept, la stratégie de communication que le business plan. C’est à partir de ça que la relation de confiance va pouvoir se faire entre les investisseurs et l’entrepreneur.

Une fois les investisseurs engagés dans le projet, il est alors primordial de les informer du développement et de l’utilisation des fonds. Après tout, ce sont leurs fonds ; ils les apportent pour le développement du projet, certes, mais en contrepartie d’une part de propriété … C’est important de le garder à l’esprit. Il ne faut donc pas leur mentir … C’est en partie grâce à eux que le projet voit le jour, il est donc important d’en prendre soin ! Mieux vaut annoncer tôt une mauvaise nouvelle, avec la possibilité de trouver une solution, plutôt qu’une fois au pied du mur.


Dernier conseil, et pas des moindres : la taille de la levée ne fait pas son succès ! Si votre projet intéresse beaucoup d’investisseurs et qu’ils sont nombreux à se bousculer à votre porte (et tant mieux !), mieux vaut être réaliste, ne coller strictement qu’à son besoin, et ne prendre que le nécessaire. Lever trop d’argent peut conduire à mal l’utiliser, et risque de vous envoyer plus rapidement en difficulté financière qu’avec un budget proche de votre besoin. Il faut donc le dépenser raisonnablement.  

Retrouvez à ce sujet, tous nos conseils sur notre Guide de l’entrepreneur sur Sowefund.