TOUT D’ABORD, PEUX-TU TE PRÉSENTER À CEUX QUI NE TE CONNAISSENT PAS ? QUI SE CACHE DERRIÈRE SOLECOOLER ?

Je suis un passionné de l‘innovation depuis mon enfance et j’ai une grande soif d’apprendre dans tous les domaines. Ayant aussi à cœur de toujours partir d’une feuille blanche, tout ceci me permet d’imaginer de nouvelles technologies de rupture en croisant les différentes disciplines.

Lorsque j’ai débuté ma carrière dans un grand groupe nucléaire, il ne m’a fallut que 2 jours pour proposer un nouveau procédé de stockage de déchets fiable sur plusieurs milliers d’années.

J’ai ensuite imaginé une multitude de procédés de traitement de déchets, de surveillance de la qualité de l’air… et toujours dans des domaines qui me tiennent à cœur.

NAPOLÉON HILL DISAIT, “TOUTES LES RÉALISATIONS, TOUTES LES RICHESSES ACQUISES ONT DÉBUTÉ AVEC UNE IDÉE”. ET TOI, COMMENT T’EST VENUE L’IDÉE DE SOLECOOLER ?

Mes idées me viennent toujours suite à une demande même si elle parait impossible.

Jean-Baptiste (USA) m’a demandé en juillet 2018 si on pouvait résoudre le problème des pieds froids des travailleurs exposés 8h/jour à des températures atteignant -30°C dans des entrepôts frigorifiques. 

Je savais qu’il existait des solutions comme les semelles ou chaussettes avec des résistances électriques alimentées par des batteries. Mais ces semelles ne chauffent qu’une ou deux heures. Si l’on veut que cela dure plus longtemps, il faut rajouter plus de batterie jusqu’à atteindre un poids supplémentaire difficile à accepter pour un travailleur. De surcroît, les batteries ne fonctionnent pas bien par -30°C et se déchargent plus vite. Il y a aussi les chaufferettes chimiques mais ce n’est pas très écologique non plus car il faut les jeter après usage.

Il fallait donc trouver l’énergie ailleurs. Mais justement, lorsque le pied impacte le sol, il produit environ 30W et on peut raisonnablement tabler sur 10W en moyenne pendant que l’on marche ou court. Or, l’énergie nécessaire pour garder les pieds au chaud est de l’ordre de 1 à 1.5W. C’est d’ailleurs la puissance utilisée par les semelles chauffantes. Il suffisait donc de récupérer cette énergie pour la transformer en chaleur.

D’accord, ce n’est pas nouveau car il existe des semelles avec des capteurs piézoélectriques qui transforment cette énergie mécanique en électricité et il suffit alors d’alimenter des résistances électriques. Malheureusement, le rendement de ces capteurs est médiocre. En plus, l’énergie mécanique n’est pas directement exploitée, diminuant encore ce mauvais rendement. D’ailleurs, il n’existe aucun produit commercialisé avec cette technologie.

J’ai donc pensé à transformer directement l’énergie mécanique de nos pas au moyen d’une pompe à chaleur souple qui ne serait pas alimentée par un compresseur électrique mais par le pied qui jouerait le rôle du compresseur.

Tout le monde a déjà pu constater que lorsque l’on gonfle le pneu de son vélo, la pompe à air s’échauffe. C’est la compression de l’air qui conduit à cet échauffement naturel : si vous comprimez l’air, ses constituants (oxygène, azote, etc.) ont moins de place et s’entrechoquent plus, ce qui échauffe l’air.

J’ai donc eu l’idée d’alvéoles (bulles d’air) enfermées dans un matériau élastique que le pied vient compresser. Le problème, c’est que lorsqu’on relève le pied, l’air qui s’est échauffé revient à la pression d’origine et refroidit : le bilan est alors nul.

J’ai alors imaginé une deuxième bulle d’air en communication avec la précédente, toutes deux disposées verticalement et avec un orifice (tuyère) de communication entre elles. Mais pour que les deux bulles ne se compriment pas en même temps, sinon on en revient au cas précédent, il fallait que l’une d‘elles soit un peu plus rigide.

Ainsi, lorsque le pied appuie sur les alvéoles, tout l’air est comprimé vers les alvéoles moins compressibles (via la tuyère). C’est cela qui produit la chaleur. Lorsque le pied se relève grâce à l’élasticité du matériau, l’alvéole comprimée reprend sa forme et tout l’air se détend vers l’alvéole. C’est cela qui produit le froid.

C’est ainsi que les semelles sont nées. Il restait à trouver les bons matériaux et réaliser de multiples tests qui ont pris près de 3 ans.

À QUOI RESSEMBLE UNE JOURNÉE DANS LA PEAU D’UN DES
FONDATEURS DE SOLECOOLER ?

Je réfléchis mieux le matin. Ma journée commence donc par tenter de résoudre les problèmes techniques, faire de la veille, imaginer les futurs produits… puis l’après-midi je m’occupe des tâches un peu plus administratives.

QU’EST CE QUI T’A POUSSÉ À CHOISIR LA VOIE DE L’ENTREPRENEURIAT ?

Je n’ai été salarié qu’une douzaine d’années dans une seule entreprise et mes innovations ont souvent été freinées. J’en ai été très frustré et ai donc quitté le salariat pour créer ma première start-up en 1995.

QUEL(S) CONSEILS DONNERAIS-TU À UN FUTUR ENTREPRENEUR ?

Je ne pourrais pas donner de conseils pour tout type d’entrepreneur. Mais si vous aussi, vous avez une innovation de rupture, alors ne vous découragez JAMAIS pour la faire vivre.

POURQUOI AVOIR CHOISI L’INVESTISSEMENT PARTICIPATIF POUR DÉVELOPPER SOLECOOLER ?

Justement parce que CLIMFEET est une innovation de rupture, ce qui peut faire peur à des fonds plus traditionnels et je ne voulais pas me retrouver 30 ans en arrière. L’investissement participatif, même s’il est conduit par une société comme Sowefund avec sérieux depuis son origine, fait beaucoup plus appel à l’affectif de ses souscripteurs. Le cœur permet souvent d’aller plus loin.

QUELS SONT TES PROCHAINS DÉFIS/VOEUX POUR CES PROCHAINES ANNÉES ?

Si je souhaite que nos semelles CLIMFEET apportent du confort au plus grand nombre, je souhaite ardemment aller plus loin et apporter du confort voire des soins aux personnes affectées par la maladie de Raynaud, l’érythermalgie, le diabète…

Pour cela, il nous faudra initier des études cliniques mais plusieurs médecins sont d’ores et déjà intéressés par ce challenge.

POUR FINIR, QUELLE EST TA PHILOSOPHIE DE VIE EN 3 MOTS ?

Sourire, bienveillance et partage.