BONJOUR PIERRE-YVES, TOUT D’ABORD PEUX-TU TE PRÉSENTER ET NOUS PARLER DE INOVACTIS ?

Je suis Pierre-Yves Nogue, fondateur d’Inovactis et directeur scientifique.

Passionné depuis tout petit par la biologie et les applications médicales qui en découlent, j’ai un parcours exclusivement universitaire. Tout d’abord à l’université de Versailles en biologie cellulaire et moléculaire, puis à l’université de Paris 6 (Pierre et Marie Curie) où je me suis spécialisé en génétique pour enfin valider le master 2 de Biologie synthétique et systémique de l’université d’Evry.

En parallèle de mes études, j’ai participé en 2012 à la compétition iGem avec l’équipe de l’institut de biologie synthétique et systémique, compétition de biologie de synthèse au cours de laquelle les étudiants du monde entier se réunissent au MIT pour présenter des projets de recherche innovants. Nous avions alors été récompensés par une médaille d’or ainsi que deux prix spéciaux .

Toujours en parallèle de mes études, je me suis intéressé à l’entrepreneuriat et j’ai travaillé sur un projet d’automatisation de protocoles expérimentaux de laboratoire, projet qui a été lauréat du concours national PEPITE 2014 qui a conduit sur l’obtention d’un financement d’état puis à la création de l’entreprise Blue Deer Biotech dont j’ai ensuite assumé la fonction de Président. L’entreprise a été incubée durant l’année 2015 au sein du Centre de recherche Interdisciplinaire.

J’ai aussi eu l’occasion en 2014 de travailler pendant mon stage au CEA sur un projet de recherche dans l’équipe du laboratoire de Génomique et Biochimie du Métabolisme qui étudie la bactérie Clostridium phytofermentans, naturellement capable de dégrader la biomasse végétale pour en tirer de l’énergie, et qui optimise ce procédé grâce à des techniques de génie génétique, dans le but de développer des procédés efficaces de production de biocarburants.

J’ai ensuite effectué mon stage de master 2 en 2015 au sein de l’institut de biologie synthétique et systémique au Génopole, aux cotés du professeur Bruno Colombo en travaillant à la mise au point d’un traitement anti-angiogénique innovant.

Durant l’année 2015 j’ai participé une seconde fois à la compétition iGem en créant avec Clément de Obaldia l’équipe iGem Evry 2015, (qu’il a ensuite managé) avec qui j’ai pu élaborer le plan scientifique et effectuer la levée de fond nécessaire au fonctionnement de l’équipe. Cette dernière a ainsi pu développer une nouvelle immunothérapie anti-tumorale et qui a abouti à l’obtention d’une médaille d’argent au MIT.

Suite à ce parcours, j’ai ensuite décidé de tenter l’aventure de transformer cette l’idée développée dans l’équipe iGem 2015 en réel application pour le patient. Ainsi a débuté l’aventure Inovactis avec Clément de Obaldia fin 2015.

NAPOLEON HILL DISAIT « TOUTES LES RÉALISATIONS, TOUTES LES RICHESSES ACQUISES ONT DÉBUTÉ AVEC UNE IDÉE » ET POUR INOVACTIS ?

C’est durant notre master de biologie synthétique que nous nous sommes rencontrés avec Clément, car nous partagions la même vision de la biologie de synthèse : la faire sortir des laboratoires pour développer de réelles applications pour la société.

C’est à cette période que d’importantes avancées ont été effectuées en immunothérapie anti-tumorale, et passionnés par ces avancées, nous avons tout de suite travaillé à essayer d’optimiser grâce à la biologie de synthèse les immunothérapies qui existaient déjà. C’est ainsi que nous avons travaillé pendant 6 mois à l’élaboration d’une nouvelle immunothérapie anti-tumorale, ce qui a ensuite conduit à la création de l’équipe iGem 2015 d’Evry, équipe qui a permis de développer un prototype concret de thérapie qui a été testée sur des souris à l’institut Curie.

C’est cependant au MIT que nous avons vraiment envisagé de continuer ensuite le projet, et ce suite à l’engouement des nombreux experts internationaux présents sur place qui nous ont poussé à développer le projet.

Une fois rentrés en France nous nous sommes lancés dans l’aventure avec les membres de l’équipe qui le souhaitaient, et nous avons reçu de la part du Génopole un très chaleureux accueil, ce qui nous a permis de démarrer cette aventure.

UNE JOURNÉE TYPE QUAND ON EST CO-FONDATEUR DE INOVACTIS ?

Cela dépend beaucoup des périodes!

Cela varie entre travailler au laboratoire pour prêter main forte à Frédéric Ros (responsable de la R&D) lorsqu’il y a beaucoup d’expériences à faire, aux journées entières à travailler sur le plan scientifique lorsque certaines modifications sont à prévoir, les rendez-vous avec les investisseurs, les levées de fonds etc, les rencontres avec les experts scientifiques qui viennent apporter des conseils, les rendez-vous avec les avocats de propriété intellectuelle etc.

On ne s’ennuie jamais! Les journées sont très variées et très riches en apprentissages, en rencontres et en rebondissements dans le projet!

POURQUOI AVOIR CHOISI L’ENTREPRENEURIAT ?

La liberté! La liberté de développer la vision que j’ai de la médecine anti-tumorale du futur, dans laquelle je crois profondément, mais aussi la liberté de s’entourer de personnes qui partagent cette vision ainsi que les mêmes valeurs humaines.

L’autre aspect qui m’a beaucoup poussé est l’énorme stimulation intellectuelle de démarrer un projet de ce type de zéro, d’apprendre et de gérer tous ces aspects passionnants : la science, la médecine, l’aspect financier et bien sur l’aventure humaine!

Tout cela s’ajoute à la principale raison qui me pousse encore dans la voie de l’entrepreneuriat : le fait de participer au défi de faire sortir cet espoir thérapeutique des laboratoires pour l’apporter concrètement dans la vie des patients.

QUEL(S) CONSEIL(S) DONNAIS-TU A CELUI OU CELLE QUI SOUHAITE CRÉER SA STARTUP ?

Ne jamais baisser les bras, l’échec fait partie intégrante de toute forme de projet à risque, et la vrai force est de ne jamais renoncer même après une succession d’échecs.

Savoir s’entourer des bonnes personnes est aussi primordial.

POURQUOI AVOIR CHOISI L’INVESTISSEMENT PARTICIPATIF POUR DÉVELOPPER INOVACTIS ?

J’ai beaucoup côtoyé le monde de l’open source, de l’associatif, les communautés makerfaire, fablabs etc, et j’ai vu à quel point le participatif permet de sortir des sentiers battus pour rendre possible un projet que tout le monde pensait impossible.

J’ai ainsi sauté sur l’occasion lorsque j’ai découvert le financement participatif pour les entreprises innovantes. C’est pour moi un très bon moyen de donner la parole aux gens sur les projets innovants qu’ils veulent voir apparaître dans leur vie, et non laisser les fonds d’investissements spécialisés choisir seuls quelles seront les innovations de demain.


QUELS SONT TES VOEUX POUR CES PROCHAINES ANNÉES ?

Tout faire pour mener à bien le projet Inovactis et apporter une réelle solution thérapeutique efficace aux patients atteints de cancer.

POUR FINIR, SI TU DEVAIS DÉFINIR TA PHILOSOPHIE DE VIE EN 3 MOTS ?

Vivre à fond et ne jamais renoncer.