TOUT D’ABORD, POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER ? QUI SE CACHE DERRIÈRE OVAOM ?

Simon : Je m’appelle Simon Hill, je suis ingénieur du son, musicien et programmeur. J’ai commencé à faire de la musique à l’adolescence. Puis j’ai fait un BTS Audiovisuel option son après mon bac pour devenir ingénieur du son. J’ai travaillé pour la télévision et l’événementiel pendant plusieurs années tout en continuant mes activités musicales en parallèle. En 2015 j’ai rejoint l’école 42 pour apprendre la programmation. Et deux ans plus tard, je me suis lancé en indépendant, en tant que programmeur avec une affinité particulière pour les projets qui mêlent art et technologie.

Muriel : Je m’appelle Muriel Colagrande, je suis fondatrice et CEO d’OVAOM. Après un cursus en arts appliqués j’ai commencé à travailler comme graphiste print, et puis, à 20 ans, j’ai découvert internet. Cela m’a tout de suite plu, j’ai trouvé génial de pouvoir faire des sites animés et interactifs en tapant des lignes de code alors j’ai appris à coder, en passant tout mon temps libre sur les forums de programmation !
Je me suis toujours intéressée à la transmission de l’information. Le métier de graphiste, c’est hiérarchiser et illustrer l’information pour la rendre compréhensible. L’interactivité m’a semblé être un réel plus. J’ai créé beaucoup de sites ou d’applications mobiles sous forme de jeux, pour étonner et impliquer l’utilisateur. Lorsque j’ai créé OVAOM j’ai fait un DU sur les Serious Game au CRI (Centre de Recherche Interdisciplinaire), afin d’en apprendre plus sur la théorie de l’apprentissage par le jeu.

COMMENT VOUS EST VENUE L’IDÉE DE CRÉER OVAOM ? NOUS VOULONS CONNAÎTRE TOUTES LES ÉTAPES DE CE BEAU PROJET !

Simon : Dans le cadre de mon cursus à l’école 42, j’ai intégré un programme de formation à l’entrepreneuriat en partenariat avec le ministère de la Culture (Matrice) qui m’a permis d’obtenir une résidence dans un hackerspace parisien : la Paillasse. C’est là que j’ai rencontré Muriel Colagrande, qui travaillait déjà sur le projet et qui cherchait des personnes pour s’y associer. Rejoindre le projet était pour moi une évidence, une correspondance parfaite avec mon parcours et mes centres de motivations, au carrefour de la musique, de la technologie, de la recherche et du soin.

Muriel : Comme tout le monde je connaissais le fort impact de la musique sur les émotions. Après une session d’entraînement de ma concentration auditive sur de la musique, j’ai constaté que je comprenais mieux l’anglais. Et je ne m’y attendais pas du tout ! Je me suis donc documentée sur les liens entre musique et langage. J’y ai découvert que les neurosciences démontraient que l’entraînement musical avait une réelle influence sur le développement du langage, et plus encore sur le développement de l’humain, via la stimulation motrice. Il existe pas mal d’applications éducatives, mais il est illusoire de penser que l’on peut tout résoudre avec des applications, surtout dans le champ du handicap ! Celles-ci sur-stimulent la vue et ne couvrent pas les autres besoins sensoriels. Ce n’est pas équilibré, on a besoin de gagner en maturité au sujet du numérique : aller vers un numérique plus évolué, au service de l’humain.

Les capteurs électroniques permettent cela, j’ai donc commencé à bricoler l’électronique et créer des instruments de musique numériques simplifiés pour développer l’écoute dès le plus jeune âge. J’ai conçu une première version de jeu musical inclusif, et ai obtenu une bourse du Ministère de l’Education Nationale. Cela m’a permis de recruter les merveilleux membres de l’équipe actuelle d’OVAOM, tous des passionnés, rencontrés dans des tiers-lieux. Et nous sommes maintenant associés !

POUVEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER PLUS EN DÉTAIL VOTRE SOLUTION ? C’EST IMPORTANT POUR VOUS D’AVOIR UN PROJET À IMPACT POSITIF ?

Simon : Oui c’est important d’avoir un projet à impact. C’est passionnant de pouvoir utiliser ces trois instruments que sont la musique, l’audio et la programmation pour inventer des jouets et des jeux nouveaux, pour pouvoir explorer de nouvelles formes de créations musicales et sonores. J’aime savoir que nos jeux vont se trouver dans les mains d’enfants, qu’ils vont pouvoir éveiller leur curiosité, les faire rire, leur donner envie de comprendre, d’écouter et d’apprendre.

Muriel : C’est indispensable, je ne pourrais plus revenir en arrière ! En devenant maman j’ai pris conscience des capacités incroyables de l’être humain, de son potentiel lorsqu’il veut atteindre un objectif. Je trouve que l’on ne tire pas partie des richesses apportées par la diversité, alors que c’est la clé de la bonne marche du monde. De nombreuses personnes souffrent alors que nous avons tous les outils en main pour permettre à tous de s’épanouir, cela paraît si simple !

Muriel & Simon : Le Sound Explorer ce sont deux manettes sensorielles, connectées à une application de jeux musicaux. Cet outil permet de stimuler au niveau cognitif, moteur et social. Ce sont les piliers du développement humain. Il est principalement utilisé dans des cabinets et dans des centres médico-éducatifs. Il est aussi utilisé à l’école, avec des enfants qui rencontrent des troubles des apprentissages. Mais son utilisation peut être plus large, ces stimulations sont bénéfiques pour tous, y compris pour les personnes âgées.

POURQUOI AVOIR CHOISI LA VOIE DE L’ENTREPRENEURIAT POUR MENER A BIEN VOTRE PROJET ?

Muriel : Les secteurs de la santé et de l’éducation sont fondamentaux pour l’avancée d’une société. Les états ont du mal à tout gérer et cela n’avance pas, alors que des personnes souffrent. Il n’y a pas de raison pour que cela soit laissé au seul secteur associatif, dépendant des subventions. Le milieu entrepreneurial doit prendre ses responsabilités. Cela m’a semblé être la voie la plus rapide, mettant à profit ses bonnes pratiques d’agilité et d’efficacité, pour participer à produire des choses qui permettent la bonne marche du monde.

POURQUOI S’ÊTRE TOURNÉ VERS UN FINANCEMENT PARTICIPATIF POUR ACCÉLÉRER LA CROISSANCE D’OVAOM ?G

Muriel : Notre démarche artistique et innovante touche les gens. Le produit séduit, et tout le monde s’imagine jouer avec. Nous sommes motivés chaque jour par la joie des enfants et des professionnels qui le découvrent.
Néanmoins, d’un point de vue entrepreneurial, ce que nous faisons n’est pas évident : produire un objet électronique, en France, plus une application mobile, demande beaucoup de compétences et de travail. Cela peut sembler risqué pour des investisseurs classiques. Nous nous donnons à fond dans cette entreprise car nous faisons cela pour les gens, portés par leur enthousiasme. Il nous a semblé cohérent d’être plébiscité par le grand public, par ceux qui souhaitent s’engager pour l’éducation.

À QUOI RESSEMBLE UNE JOURNÉE TYPE DANS VOTRE PEAU ?

Simon : Un mélange entre retours d’expérience clients, bruit électroniques étranges, et prototypage de nouveaux contenus !

Muriel : Il faut s’accrocher ! Nous sommes encore une petite équipe et je passe constamment d’un sujet à un autre pour tout coordonner : retours utilisateurs, stratégie, commercial, projets de recherche, veille, partenariats, synchronisation des troupes ! Je m’occupe aussi du design graphique de l’application, c’est ma bouffée d’oxygène.

SI VOUS DEVIEZ DONNER UN SEUL CONSEIL A UN(E) FUTUR(E) ENTREPRENEUR(E), CE SERAIT LEQUEL ?

Muriel : Essaye, observe, adapte-toi, et recommence !

ET POUR FINIR, QUELLE EST VOTRE PHILOSOPHIE DE VIE EN 3 MOTS ?

Simon : Curiosité, Écoute et Travail

Muriel : Curiosité, Imagination et Travail… je crois qu’on se ressemble !