TOUT D’ABORD, POUVEZ-VOUS VOUS PRÉSENTER ? QUI SE CACHE DERRIÈRE TECHNOCARBON ?
Stephan Savarese : Je suis un ingénieur aérospatial formé en France (Centrale Lyon) et aux Etats-Unis (Université de Cornell). Après avoir travaillé dans divers domaines de l’industrie aérospatiale, dont la fabrication de matériaux composites et la certification d’alliages métalliques, je suis devenu spécialiste de modélisation multiphysique. Une de mes réalisations industrielles les plus réussies, publiée en 2015, portait justement sur l’optimisation de la fabrication de matériaux composites.
J’ignorais à l’époque que cela me serait utile quelques années plus tard pour innover dans ce qui est devenu mon centre d’intérêt principal en 2016, les solutions climatiques.
En 2018, je rencontre Stéphane Astic, qui devient le premier investisseur de TechnoCarbon en 2019 puis Directeur Général depuis début 2020.
Stéphane Astic : Nos compétences se complètent idéalement. Moi avec une expertise de la finance et Stephan avec son expérience d’entrepreneuriat dans le développement durable.
COMMENT EST VENUE L’IDÉE DE CRÉER TECHNOCARBON ? NOUS VOULONS CONNAÎTRE TOUTES LES ÉTAPES DE CE BEAU PROJET !
Stephan : J’ai compris très tôt l’importance du changement climatique, mais ce n’est qu’en 2015, lors de la COP21, que je me suis aperçu qu’il y avait d’énormes lacunes en matière de solutions climatiques, très difficiles à combler.
L’une d’entre elles était la nécessité de réduire rapidement les émissions de CO2 liées à la fabrication des matériaux, et même d’inverser le modèle technico-économique en créant un puits de carbone rentable et gigantesque grâce aux matériaux carbo-négatifs.
Il restait alors à identifier une technologie capable de passer à l’échelle plus facilement que l’acier et le béton bas carbone, handicapés par leur consommation énergétique et la dépendance à des ressources naturelles en tension.
C’est en 2017, que je découvre comment rendre immédiatement bas-carbone et durable la pierre-carbone. Puis, c’est lors du One Planet Summit à Paris, en décembre, que je décide de créer TechnoCarbon Technologies France pour industrialiser la pierre-carbone durable bas-carbone. Il restait à peaufiner quelques innovations et déposer de nouveaux brevets correspondants, ce qui fut fait début 2020.
POUVEZ-VOUS NOUS PRÉSENTER PLUS EN DÉTAIL VOTRE SOLUTION ? C’EST IMPORTANT POUR VOUS D’AVOIR UN PROJET À IMPACT POSITIF ?
Stéphane : La technique de la pierre-carbone existait depuis 1999, mais n’était pas bas-carbone. C’est lors d’une rencontre avec son inventeur lors de la COP23 en novembre 2017 que Stéphan a compris que c’était le candidat idéal, car son procédé de fabrication répondait aux critères indispensables : sobriété énergétique, entièrement électrifiable avec un excellent rendement, économe en matériaux bruts, dépendant de ressources naturelles très abondantes et suffisamment évolutif pour inclure de futures ressources biosourcées et/ou fabriquées à partir de déchets autrement pas ou peu valorisables.
Stephan : L’industrialisation dans un pays dont le mix électrique est déjà bas carbone permet de réduire considérablement les émissions de GES générées. L’allègement et l’augmentation de la durée de vie des produits grâce aux propriété spécifiques de la pierre-carbone permet de démultiplier les gains en empreinte environnementale de la technologie d’origine.
POURQUOI AVOIR CHOISI LA VOIE DE L’ENTREPRENEURIAT POUR MENER A BIEN VOTRE PROJET ?
Stéphane : Dans la course contre la montre pour atteindre le plus rapidement possible la neutralité carbone, il ne reste que quelques années pour développer des technologies durables capables de passer à l’échelle globale pendant la décennie 2030- 2040. Les technologies qui ne seront pas prêtes avant 2030 arriveront trop tard pour le climat. C’est l’urgence climatique : il n’y a plus de temps à perdre !
Stephan : L’entrepreneuriat nous est apparu comme une évidence pour permettre à une innovation durable et disruptive de passer à l’échelle rapidement en mobilisant une capacité d’investissement commensurable avec l’ambition d’économiser des milliards de tonnes de CO2 par an, puis d’en capturer à cette échelle.
Pour atteindre l’échelle globale, il faudra convaincre des acteurs financiers d’investir à grande échelle. Or cela n’est possible qu’après avoir démontré que la technologie peut être rentable à l’échelle d’une PME ou d’une ETI. C’est la mission de TechnoCarbon jusqu’en 2025. Ensuite, on peut rêver…
POURQUOI S’ÊTRE TOURNÉ VERS UN FINANCEMENT PARTICIPATIF POUR ACCÉLÉRER LA CROISSANCE DE TECHNOCARBON ?
Stephan : TechnoCarbon est sur le point de passer des jalons qui permettront de mobiliser des investisseurs capables d’investir des millions d’euros pour industrialiser une technologie avec une traction commerciale.
Stéphane : Avant de passer à cette étape, il nous est apparu indispensable d’étendre notre équipe en intégrant sans plus attendre des compétences indispensables dans un futur proche et de sécuriser un budget pour renforcer les preuves acquises en 2020 de l’avance technologique et écologique de TechnoCarbon.
À QUOI RESSEMBLE UNE JOURNÉE DANS VOTRE PEAU ?
Stephan : Même si ma priorité cette année est la certification de notre première gamme de produits, nous sommes encore dans une phase artisanale (du doux nom de Lean Startup) où chacun des membres de notre petite équipe contribuent à effectuer des taches dans tous les domaines : veille et innovation technologiques, stratégie et finances, animation et planning, marketing et communication, avant-ventes et ventes, comptabilité et administration… plutôt dans cet ordre, mais pas tous les jours, en fonction des rendez-vous et des sollicitations.
Ce que je préfère ? Répondre aux appels entrants, que ce soit pour témoigner un soutien, une candidature spontanée, ou pour nous proposer un projet ou nous demander notre catalogue. Évidemment, cette routine sera considérablement bouleversée l’année prochaine, lorsque notre priorité sera d’aller chercher et de répondre à des commandes qui feront de la vente et de la production les activités principales de la société.
SI VOUS DEVIEZ DONNER UN SEUL CONSEIL À UN(E) FUTUR(E) ENTREPRENEUR(E), CE SERAIT LEQUEL ?
Stéphane : Privilégier le cash. Tant que les ventes ne sont pas suffisantes, pour assurer la rentabilité de l’activité, il faut avoir un œil rivé sur les réserves et lever des fonds avant que la trésorerie ne devienne un problème.
ET POUR FINIR, QUELLE EST VOTRE PHILOSOPHIE DE VIE EN 3 MOTS ?
Stephan & Stéphane : Innover, vendre, produire pour avoir un impact positif sur le climat !